Affouragement en vert : solution les exploitations laitières ?

Avec l’agrandissement des troupeaux et des robots de traite, les surfaces accessibles au troupeau laitier diminuent.
affouragement en vert

Publié le 15/02/2016

Certains éleveurs se posent la question de passer à l’affouragement en vert.

L’agrandissement des tailles de troupeaux, le renforcement des contraintes environnementales, l’augmentation du prix de l’azote sont autant d’éléments participant au regain d’intérêt sur l’affouragement en vert. Pour les éleveurs qui veulent introduire cette pratique dans leur système, la contrainte principale est d’apporter régulièrement aux vaches leur ration d’herbe fraîche.

Conditions et objectifs de l’affouragement vert

Avantages :

  • Diversification de la ration
  • Valorisation des surfaces non pâturables (5 km max)
  • Économie du correcteur azoté
  • Rendements des parcelles (+20/30%) 
  • Mise en place de dérobés (colza fourrager)
  • Maîtrise des adventices dans les parcelles
  • Gestion de l’assolement/ rotation
  • Qualité du lait (Omega 3, AOC, …)

Limites

  • Temps d’astreinte (1h/jr)
  • Investissement dans le matériel
  • Réduction des cultures de ventes
  • Gestion des déjections et du paillage en bâtiment
  • Maîtrise de quantités ingérées
  • Maîtrise de la qualité
  • Disponibilité du tracteur et sa puissance

Attention à l’effet BONBON lors de la distribution, il faut alors raisonner le nombre de places à l’auge et la dominance des vaches.

Résultats et économies

Le choix des espèces et des variétés doit se faire comme pour un pâturage. L’association Ray Grass Anglais et Trèfle Blanc reste un mélange très intéressant grâce à sa productivité et à ses valeurs. Mais d’autres espèces ou associations peuvent être envisagées en fonction des dates de récolte souhaitées. Au même titre que pour le pâturage, les écarts de jours de fauche doivent être respectés afin de conserver la qualité du fourrage !

Si les conditions sont réunies, la substitution de maïs ou ensilage d’herbe par un apport d’herbe de qualité peut permettre une économie de concentrés, essentiellement azotés, de l’ordre de 250 à 300 Kg par vache.
L’investissement est d’autant plus rentable si le nombre de vaches et le volume valorisé par vache est important.

Impact sur les charges de structure et le temps de travail

Le surcoût lié à l’acquisition de la machine varie de l’ordre de 40 à 70 € par tonne de matière sèche par rapport à l’exploitation de l’herbe au pâturage. Les écarts dépendront du niveau d’investissement initial et des volumes d’herbe valorisés par vache (cibler 1,5 T de Matière Sèche (MS) minimum par vache avec une faucheuse auto-chargeuse distributrice).

Pour 100 vaches laitières, selon les experts, l’investissement varie de 37 500€ pour une faucheuse-autochargeuse, à 90 000€ pour une remorque autochargeuse avec faucheuse frontale.

L’aspect travail est également à prendre en compte avec une contrainte journalière de distribution de 45 minutes à une heure par jour. Enfin, la présence plus importante des animaux en bâtiment nécessite un nombre de places à l’auge important, plus de raclage, de paillage et de stockage pour les déjections.

Analyse : 5 critères clés doivent être analysés pour mesurer l’intérêt de l’affouragement en vert en production laitière.

  1. La surface accessible par vache. Si elle est supérieure à 25 ares par vache il faut privilégier le pâturage qui a des coûts inférieurs de 50 € à 90 € la tonne de matière sèche. Avec ces surfaces pâturables en herbe il est difficile de valoriser plus de 1 tonne en vert qui ne permet pas de bien amortir l’investissement.
  2. Le bâtiment. Peut-il s’adapter à l‘affouragement en vert ? Cette technique demande d’avoir une place par vache à l’auge et un volume de stockage suffisant pour les déjections.
  3. Le planning de fauches, l’organisation du travail. Le temps nécessaire à l’affouragement en vert, à savoir près d’une heure par jour passe-t-il dans mon planning quotidien ?
  4. La quantité d’herbes et de dérobées à valoriser à la place du maïs. Pour des quantités inférieures à 1,4 tonne par vache, il sera difficile de rentabiliser l’investissement surtout dans des troupeaux à moins de 60 vaches.
  5. Suis-je prêt à mettre en place un planning de suivi des fauches ?

Conseils et astuces

Ce système doit se raisonner dans le système de l’exploitation en se gardant de tout effet de mode. En effet, la mâchoire de la vache reste plus économique pour la récolte ! L’affouragement en vert peut néanmoins trouver sa place dans certains systèmes avec peu d’ares accessibles par vache pour se substituer à de l’ensilage de maïs ou des conserves d’herbe.

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Rédigé par COGEDIS